Introduction
La 1ère étape lorsque l’on étudie le Japonais est d’apprendre « ses » alphabets. En effet, il n’y a pas de « lettres » comme dans les alphabets d’origine latine en Japonais, mais des jeux de caractères. Les hiragana (平仮名) sont le jeu de caractères principal de la langue Japonaise, le 2nd étant les katakana (片仮名) généralement employés pour écrire les mots d’origine étrangère (ex: France = フランス|furansu) et le 3ème les kanji (漢字), caractères chinois que l’on apprend en dernier en raison de leur difficulté et de leur nombre important.
Le Dit du Genji (源氏物語, genji monogatari), écrit par Murasaki Shikibu (紫式部) ainsi que d’autres nouvelles de cette période écrites par d’autres auteurs féminins, utilisaient exclusivement et intensivement les hiragana. Par la suite, les auteurs masculins commencèrent à utiliser les hiragana en matière de littérature, de correspondance, ainsi que pour tous les écrits informels, alors que les katakana et kanji demeurèrent les écritures destinées aux documents officiels. A notre époque, les hiragana, katakana et kanji -et même parfois le rōmaji- se retrouvent mélangés dans une même phrase, les katakana étant plus ou moins relégués depuis le 19ème siècle à l’écriture des mots d’origine étrangère. A l’origine, il existait différents hiragana possibles pour chaque syllabe, mais le système fut simplifié en 1900 afin d’attribuer un seul hiragana par syllabe.
Origine des hiragana
Les hiragana ont été développés à partir des man’yōgana (万葉仮名), caractères chinois utilisés pour leur prononciation dès le 5ème siècle. Les formes des hiragana trouvent leur origine dans le style de l’écriture cursive de la calligraphie chinoise. Lorsqu’ils commencèrent à se développer, les hiragana ne furent pas acceptés par tout le monde, intellectuels et élites préférant en effet utiliser exclusivement le système des kanji. D’un point de vue historique, au Japon, le style d’écriture régulière de caractères kaisho (楷書) était utilisé par les hommes et appelé otokode (男手) –écriture des hommes– alors que la forme d’écriture cursive sōsho (草書) des kanji était utilisée par les femmes. C’est la raison pour laquelle les hiragana ont d’abord gagné en popularité auprès des femmes, qui n’étaient généralement pas autorisées à accéder aux mêmes niveaux d’éducation que les hommes, et furent d’abord couramment utilisés par les dames de la cour à des fins littéraires et de correspondance. De là provient le nom alternatif onnade (女手), –écriture des femmes-.
Le système actuel de hiragana
Le syllabaire moderne hiragana comprend 46 caractères dont 5 voyelles : a (あ) que l’on prononce comme dans « Axe », i (い) que l’on prononce comme dans « image », u (う) que l’on prononce comme dans « zoom », e (え) que l’on prononce comme dans « Epson », et o (お) que l’on prononce comme dans « opéra ». Tous les hiragana se terminent avec l’une des ses voyelles à l’exception de n (ん). La seule consonne différente de son équivalence latine est la consonne r, prononcée en roulant légèrement le r comme s’il s’agissait d’un mélange de d, r et l.
Exceptions:
- Le hiragana ha (は) est prononcé « wa » si immédiatement suivi du sujet de la phrase. Ce caractère est généralement prononcé « ha » uniquement s’il fait partie d’un mot.
- Le hiragana he (へ) est prononcé « e » s’il suit immédiatement un endroit ou une direction.
Les caractères basiques peuvent être modifiés de différentes façons.
- En ajoutant un marqueur « dakuten » ( ゛) à un hiragana, sa consonne peut être changée : k→g, ts/s→z, t→d, h→b and ch/sh→j (ex. ko→go | こ→ご).
- En ajoutant un marqueur « handakuten » ( ゜) aux hiragana commençant par la consonne h, on peut changer la consonne de h en p (ex. han→pan | はん→ぱん).
- En ajoutant un petit hiragana ya (ゃ), yu (ゅ) ou yo (ょ) derrière un hiragana terminant en i, on change le son de la voyelle en a, u et o. Cette petite version de kana est appelée yōon. (ex. ki+ya→kya|き+ゃ→きゃ)
- En ajoutant une petite version du hiragana tsu (っ) derrière un hiragana, on indique que la consonne suivante sera doublée, à l’exception des hiragana na, ni, nu, ne, no où l’on employera simplement un n (ん) placé avant le hiragana. Cette petite version de kana est appelée sokuon. (ex.saka→sakka| さか→さっか)
- En ajoutant le marqueur de longue voyelle « chōonpu » (ー), on double la voyelle, mais il est surtout utilisé avec des katakana, et non des hiragana, à de rares exceptions près (ex. rāmen|らーめん). Aussi pour doubler les voyelles en hiragana, on ajoute simplement sa petite version (ex. haa|はぁ , nee|ねぇ ).
Le poème iroha-uta
Le poème iroha (ou iroha-uta, puisqu’utilisé comme chanson -uta- pour apprendre l’alphabet syllabaire hiragana) date du 10ème siècle, et utilise chacun des 46 hiragana existants une seule fois (à l’exception du n | ん, qui était une simple variante de mu| む avant la période Muromachi). A l’origine, il comprenait également wi (ゐ) et we (ゑ) que l’on n’utilise plus à notre époque et qui sont devenus depuis i (い) et e (え). La lecture se fait de 1 à 8 et de haut en bas.
Rōmaji
1.iroha nihoheto | 2.chirinuru (w)o | 3.wakayo tare so | 4.tsune naramu | 5.ui no okuyama | 6.kefu koete | 7.asaki yume mishi | 8.ehi mo sesu
Traduction
Étant donné que l’éclat [des beautés naturelles], bien qu’il resplendisse, [finalement] se dissipe, [en] notre monde, qui serait éternel ? Franchissant aujourd’hui la profonde montagne des phénomènes, je ne veux plus contempler de rêves creux, je ne m’enivrerai pas non plus.
Le gojūon
Les 50 hiragana de base (réduits depuis à 46) sont regroupés dans un tableau appelé gojūon (五十音, lit. « 50 sons »), incluant l’exception du hiragana n (ん). Du fait de la romanisation des kana, l’ordre des hiragana n’est pas strict, avec par exemple le hiragana chi (ち), correspondant normalement à ti, souvent romanisé en chi pour mieux représenter la prononciation actuelle en Japonais. Les hiragana yi, ye et wu n’existent pas, et les hiragana wi (ゐ) et we (ゑ) ont été déclarés obsolètes en 1946 et remplacés respectivement par les hiragana i (い) et e (え). La transcription des kana en rōmaji est faite selon la méthode Hepburn. Le tableau se lit de haut en bas et de droite à gauche.
| ん n | わ wa | ら ra | や ya | ま ma | は ha | な na | た ta | さ sa | か ka | あ a |
| り ri | み mi | ひ hi | に ni | ち chi | し shi | き ki | い i |
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| る ru | ゆ yu | む mu | ふ fu | ぬ nu | つ tsu | す su | く ku | う u |
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| れ re | め me | へ he | ね ne | て te | せ se | け ke | え e |
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| を (w)o | ろ ro | よ yo | も mo | ほ ho | の no | と to | そ so | こ ko | お o |
| ぱ pa | ば ba | だ da | ざ za | が ga |
| ぴ pi | び bi | ぢ ji | じ ji | ぎ gi |
| ぷ pu | ぶ bu | づ zu | ず zu | ぐ gu |
| ぺ pe | べ be | で de | ぜ ze | げ ge |
| ぽ po | ぼ bo | ど do | ぞ zo | ご go |
| みゃ mya | ひゃ hya | ちゃ cha | しゃ sha | きゃ kya |
| みゅ myu | びゃ bya | ちゅ chu | じゃ ja | ぎゃ gya |
| みょ myo | ぴゃ pya | ちょ cho | しゅ shu | きゅ kyu |
| りゃ rya | ひゅ hyu | にゃ nya | じゅ ju | ぎゅ gyu |
| りゅ ryu | びゅ byu | にゅ nyu | しょ sho | きょ kyo |
| りょ ryo | ぴゅ pyu | にょ nyo | じょ jo | ぎょ gyo |
| ひょ hyo | ||||
| びょ byo | ||||
| ぴょ pyo | ||||




